Les textes et photos d'époque de cette rubrique résultent de travaux de recherches élaborés par Mesdames Ghislaine Gonzalez et Régine Fischer. Merci à elles.
Un peu de préhistoire…
Des traces d’habitants datant de la fin du mésolithique à l’âge du cuivre ont été découvertes sur le plateau de Carlipa. Les premiers habitants ont utilisé de minuscules silex taillés aux formes bien caractéristiques. Ces groupes qui utilisaient ces outils n’étaient pas seulement des chasseurs mais aussi des bergers.
Dans la cachette de la croix de Saint André, ont été découverts 15 bracelets datant de la période de l’âge de Bronze (de 1500 à 700 avant J.C.)
Et l’Histoire
Dès l’époque Mérovingienne, les cités avaient été démembrées au point de vue administratif et avaient formé des circonscriptions appelées « pagi » ayant à leur tête un fonctionnaire appelé « pagus » ou « comitatus ».
Karoli Pagus (Carlipa) faisait partie du Pagus Tolosanus qui comprenait les cantons de Castelnaudary Nord et Sud, de Belpech, de Salles sur l’Hers et de Fanjeaux.
Carlipa (Karoli Pagus) était possédé depuis la croisade albigeoise par Simon de Montfort qui avait mis comme gouverneur militaire de ce village le chevalier Pierre singularius.
En Juin 1220, le chevalier Pierre dit Singularius vend à Villelongue pour la somme de 380 livres melgoroise « le village…… avec tous ses droits, dépendances intérieures et extérieures et tout ce que sa famille y possède par droit seigneurial ».
Il s’engage pour lui et ses successeurs à assurer le service vassalique auquel il est tenu vis-à-vis du comte de Montfort pour ses autres terres et en décharge l’abbaye.
Une seconde charge simultanée contient l’approbation de cette transaction par Amaury de Montfort qui précise deux points. Les droits acquis par les religieux à Carlipa portent bien sur tout le finage et ses dépendances « à l’exception toutefois de ceux des habitants n’ayant pas pris les armes contre lui et réputés catholiques ».
Le comte confirme en outre que Pierre Singularius et ses héritiers resterons tenus au service vassalique à son endroit et qu’à la convocation de l’ost faite à l’abbé, les hommes de Carlipa devront le suivre à l’armée une fois par an.
Cette vente fut confirmée par le roi Saint Louis en Juillet 1245. En l’an 1355, notre territoire est dévasté par le raid du Prince Noir : Alzonne, Raissac sur Lampy, Montolieu, Arzens, Montréal, Bram et Saissac sont saccagés ; les deux tiers de la population de Saissac sont massacrés.
Mais qui est donc ce redoutable guerrier ?
Né en 1330, Edouard, Prince de Galles, est le fils ainé d’Edouard III, Roi d’Angleterre. Comme il combattait avec une armure noire, il fut connu sous le nom de Prince Noir.
Nous sommes en pleine guerre de Cent ans entre la France et l'Angleterre. Le Prince de Galles est chargé de gouverner l’Aquitaine, province devenue anglaise, et le ravage des provinces françaises proches est devenu pour lui un jeu : son raid en Languedoc est l’une des phases de ce jeu.
Le raid ne dura que quinze jours : quinze jours seulement mais que de dégâts !
Après avoir incendié et pillé Castelnaudary, le 2 Novembre 1355, l’avant-garde brûle et pille Alzonne pendant qu’une colonne va brûler Villespy, Carlipa, Monestiés.
En 1589, pendant les guerres de religion, le Duc de Montmorency, allié des protestants, occupa avec ses troupes le village de Carlipa.
En 1741, Paul Jacques, marquis de Lordat, de Bram, était Baron de Carlipa.
En Février 1778, Mgr de Bezons, évêque de Carcassonne, se rendant à Carlipa pour la visite de la paroisse, eut un accident de voiture. On raconte que la secousse violente qu’il reçut et l’émotion qu’il éprouva avancèrent sa mort qui arriva le 4 Mai suivant. Il faut dire que l’évêque était déjà malade et avancé en âge.
Droits de l’Evêché de Saint Papoul (XVè siècle)
Au Moyen Age la population était soumise à divers impôts souvent perçus en nature.
Le Cens était perçu en argent, en blé, en orge, en avoine, en volaille ; il était payé par les habitants autrement dit par la communauté, représentée par ses consuls. La communauté de Carlipa était astreinte à ce droit en orge, en avoine, en blé (il était de 3 sétiers, 1 pugnière). En volailles, il produisait 30 poules à Carlipa et toute personne qui élevait des poules payait quatre œufs par an, deux à Pâques et deux à la Pentecôte.
Les Corvées : elles sont diverses : les bœufs et les chevaux y sont soumis. Ces corvées consistent à travailler un jour au profit de l’Évêque, soit à l’époque des semailles, soit à l’époque des moissons ou du battage des grains.
Cette corvée est due par tout propriétaire d’animaux de bât ou de labour, elle est due par tous les habitants pour travailler à battre le blé sur l’aire.
Droits sur les marchandises : c’était le droit que les étrangers étaient obligés de payer, lorsqu’ils apportaient leurs denrées sur le marché de Saint-Papoul. Ce droit qui en 1469 produisit 50 livres, s’éleva parfois jusqu’à 100 et à 150 livres.
Droits sur les récoltes : les communautés, tributaires de l’évêché de Saint-Papoul, payaient l’agrier : l’agrier est la dixième partie du fruit que porte une terre ; elle est payable d’avance.
A Carlipa, l’évêque prélevait 22 agriers et demie sur 29 sétérées de terre. Ce droit était prélevé sur le blé, le lin, le foin, les volailles, les animaux domestiques, sur la laine, les cochons, le fromage, le pastel et autres choses.
* le cens : il était effectué par les censeurs au Moyen Age. Redevance payée par les roturiers à leurs seigneurs.
*le settier : mesure de capacité qui variait suivant le pays et la matière mesurée (environ 0,4 litre)
*la pugniere : ancienne mesure pour les graines ou les liquides
Topographie
Carlipa est situé sur un mamelon, au pied de la Montagne Noire, dans une contrée agréable et fertile.
Le village était au Moyen Age entouré de murs, avec un château au centre. Il n’existe que peu de vestiges des remparts. L’ancien château, appelé autrefois la maison de l’Abbé de Villelongue, où il y avait une prison est complètement transformé en habitations particulières.
Les anciens fossés ont été comblés et sont maintenant des boulevards circulaires.
Communes limitrophes : Cennes-Monestiés, Villespy, Villepinte, Saint Martin le Vieil et Saissac.
Distances :
Légales anciennes : de Castelnaudary : 3 lieues ; de Carcassonne, 3 lieux ¼.
Légales modernes (décret de 1811) : de Castelnaudary : 15 kms ; de Carcassonne, 24 km.
Cours d’eau : le Lampy, le Tenten, le ruisseau des Anguilles.
Géologie : marne gypseuse, craie, coquillages, calcaire et fossiles.
L’église
L’église paroissiale est dédiée à Saint-Pierres-Liens.
Elle est de construction récente (1874) à l’exception de trois chapelles côté évangile. Ces trois chapelles qui appartenaient à l’ancienne église, sont voûtées d’ogives en pierre, retombant sur des cul-de-lampe représentant des têtes humaines. La nef a quatre travées et la longueur totale de l’édifice est un peu plus importante que l’ancienne église sur l’emplacement de laquelle il est construit.
Le clocher construit sur la première chapelle appartenait à l’ancienne église du XIVè siècle.
Sous le porche, au-dessus de la porte, on a placé un blason portant deux clés. Nous pensons que cette pierre est une ancienne clé de voûte.
Le trésor de l’église possède une croix processionnelle de 1488 sortant de l’atelier de Toulouse. Elle est en argent, repoussé sur âme de bois. Sa hauteur est de 0,83m, la largeur du croisillon est de 0,47m. A noter aussi, un plat de quête en cuivre du XVIe siècle. Ces objets mobiliers ont été classés en 1910/1911.
Le patron de l’église de Carlipa est resté Saint-Pierre aux Liens. Dans « l’état des églises de l’Aude » dressé en 1846, on dit que l’église de Carlipa est en très bon état, mais qu’elle n’offre pas d’intérêt sous le rapport de l’art.
L’église de Carlipa fut érigée en succursale du doyenné de Saint-Papoul à la date du 11 Prairial an XII.
Les curés de Carlipa (de 1620 à 1841)
1620/1652 : Bernard Estellat
1759 /1787 : Joseph Cros
1787 /1791 : Louis Belmas
1803 : Barthélémy Fontès
1805 : Jacques Jammes
1808 : François Castres
1822 : Pierre Azéma
1825 : JBaptiste Bastoul
1841 : Pierre Bastoul
La Congrégation de la Sainte Famille
C’était en 1836 :
M l’abbé Bastoul, nommé curé de Carlipa, ne tarda pas à s’apercevoir que l’instruction des jeunes filles et le soin des malades laissait beaucoup à désirer dans sa nouvelle paroisse, comme au reste dans la plupart de campagnes, surtout à cette époque. Désireux d’y remédier sans retard et ne trouvant autour de lui aucun sujet capable de le seconder dans la réalisation d’un projet qu’il nourrissait depuis longtemps, il se tourna du côté d’une association de jeunes filles pieuses qui existait à Saint-Papoul.
Sur sa demande, M. l’abbé de Soubiran voulut bien faire une démarche auprès de m. l’abbé Bouisson, pro-curé de cette paroisse.
Bientôt deux jeunes personnes, Jeanne Michelle Vazieux originaire de Tanavelle et Marie Tayac de Revel et, peu après, une troisième, Henriette Delong, avec l’autorisation de Mgr Galy quittèrent Saint Papoul pour aller se placer sous la direction de M. le curé de Carlipa.
Ces premiers essais attirèrent l’attention de l’autorité diocésaine : le 22 Avril 1837, Mgr Saint Rome Galy, évêque de Carcassonne, écrivait à M. Bastoul une lettre par laquelle il lui confie la direction de la communauté naissante à Carlipa et lui donne le nom de « sœurs de la sainte famille ».
La pauvreté des sœurs était extrême mais M. Bastoul découvrit dans les archives de la mairie un testament par lequel M. l’abbé Cros, ancien curé de Carlipa, léguait la somme de 2 000 francs à la commune pour aider à l’entretien d’une maîtresse d’école. En joignant à cette somme ce qui lui revenait des biens paternels, il put acheter une maison plus spacieuse pour y abriter les premières sœurs.
Mgr Galy envoie une offrande qui permet d’orner le frontispice du couvent des armoiries du Mgr de Galy. On peut les voir encore aujourd’hui au-dessus de la porte d’entrée.
Quelques dates :
1837 : Epidémie de choléra à Carlipa
28/12/1837 : Sœur St Michel Julien née Jeanne Michelle Vazieux est nommée Sœur Mère.
2/12/1839 : Sœur St Pierre née Henriette Delong est envoyée à Labécède pour y être institutrice et donner des soins aux malades.
Octobre 1839 / Sœur St Jean originaire de Carlipa la rejoint à Labécède.
1840 : création de la fondation d’Arzens et création des statuts de la congrégation des sœurs de la sainte famille.
Les sœurs étant de plus en plus nombreuses, la maison de Carlipa devient exigüe.
En 1841, par l’entremise de M. L’abbé de Soubiran, M. le Comte Gérard de Pins, offrit gracieusement les bâtiments de son ancien château de Pezens à M. Bastoul pour abriter sa congrégation.
2/12/1841 : Installation de la congrégation à Pezens
1842 : demande d’existence légale qui n’aboutit pas
3/01/1853 : Napoléon III autorise la sainte Famille de Notre dame de grâce à subsister comme communauté religieuse sous la protection du gouvernement
Aout 1857 : épidémie de choléra dans le midi de la France et en particulier dans le diocèse de Carcassonne. Les sœurs soignent les malades et accompagnent les mourants. Aucune d’entre elles ne sera touchée par la maladie.
15/2/1855 : Le ministère de l’agriculture du commerce et des travaux publics décerne une médaille de bronze à la congrégation en récompense du zèle et du dévouement dont les sœurs on fait preuve pendant l’épidémie.
Le jour de la remise de la médaille, le comte de Pins offre en pleine propriété un grand jardin arrosé par le Fresquel et situé à très petite distance du couvent de la congrégation. Le père Bastoul est nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Carcassonne.
13/3/1857 : décès du Père Bastoul à l’âge de 57 ans
14/3/1857 : inhumation au cimetière de Pezens
26/12/1857 : exhumation du corps du père Bastoul et transfert à la maison mère de Pezens
Territoire de Carlipa
(fiefs, métairies, lieux bâtis et quartiers ruraux)
- BORDENEUVE ou PECH AURIOLLET, métairie par extension dans Saint Martin le Vieil. An 1851, propriétaire, Hippolyte Roumens, négociant à Montolieu.
- LES CASTELLES, métairie
- LACAUNE, métairie
- FONDAUMA, maison isolée
- LA GOUTTINE GRANDE, métairie
- JALABERT ET JALABERTOU, métairies
- LES MOULINS A VENT
- SAINT ANDRE de FRAISSINEDE, sur le Lampy, Prieuré
- SAINTE JULIE, métairie
- TOURROU, métairie. AN 1862, propriétaire : Mr Armand Rolland du Roquan
Population
1363 : 33 feux * d’imposition
1377 : 26 feux
1709 : 110 feux
1759 : 127 feux
1775 : 122 feux
1789 : 145 feux
1818 : 130 maisons
1826 : 621 habitants
1831 : 635 ha
1861 : 511 ha
1891 : 488 ha
1921 : 388 ha
1954 : 296 ha
1975 : 251 ha
1999 : 250 ha
* feux : maisons
L’économie locale à travers le temps
Le début du 19è siècle a été, à Carlipa comme ailleurs, riche en artisans et commerçants.
Sur notre commune, pas moins de 13 corps de métiers étaient alors représentés.
En voici un échantillon :
Tisseur de draps : Etienne Art (1764)
Forgerons : Pierre Aribaud ; M. Lincou ; M. Andrieu
Géomètre : Paul Soubrié (1800)
Pharmacien : Jacques Pattau (1840)
Tanneur : B Saignes (1869)
Meuniers : Alexandre Cau ; L. Guilleré (1869) ; Edmond Cau (jusqu'en 1893)
Sabotier : M. Bonnery
Cordonnier : M. Oustric
Charron : Justin Bouisset
Menuisiers : Justin Guilleré ; Louis Guilleré (1941/1985)
Jardiniers/Maraichers : André Gleizes ; Julien Pagès ; Famille Leuc/Benazet
Boulangers : Edmond Aribaud (1911) ; Benoist Oustric (1940) ; M. Jany ; M. Calas (19xx) ; M. Bonnafous (1950) ; Emile Delpech (1966/2000)
Jougtier : Barthélémy Gleizes (1930)
Couturieres : Joséphine et Marie Bataillé.
Plusieurs commerces animaient aussi notre village :
Epiceries : Marie Cau, Mme Cazal, Thérèse Escudier, Annette Olivier, Cécile Oustric, Eugénie Sabadel, Josette Anglade.
Cafés : François Blaché (1874/1956) ; Benoist Cau ; Café Blaché ; Café Andrieu ; Café Anglade.
OUSTRIC Siméon |
1791 – 1793 |
GLEIZES Raymond |
1793 – 1797 |
SAIGNES Benoit |
1797 – 1799 |
RAYNAUD Jacques |
1799 – 1800 |
SÉLARIÈS Jean |
1800 – 1808 |
ALRIC Guillaume |
1808 – 1813 |
MAVIT Antoine |
1813 – 1831 |
ALRIC Guillaume |
1831 – 1837 |
SÉLARIÈS Jacques * |
1837 – 1838 |
MAVIT Antoine |
1838 – 1852 |
SÉLARIÈS Jacques |
1852 – 1863 |
LAFFONT Emile |
1863 – 1876 |
GUILLERÉ Antoine |
1876 – 1881 |
RAYNAUD Antoine |
1881 – 1884 |
SÉLARIÈS Désiré |
1884 – 1888 |
SÉLARIÈS Victor |
1888 – 1892 |
RAYNAUD Antoine |
1892 – 1897 |
CAMBOULIVE Alexandre |
1897 – 1900 |
SÉLARIÈS Jules |
1900 – 1904 |
MIR Hyppolyte |
1904 – 1908 |
TOURSIER Joseph |
1908 – 1921 |
GILIS Eugène |
1921 – 1924 |
DESPLAS Célestin |
1924 – 1925 |
MARTY Elie |
1925 – 1935 |
CAMBOULIVE Louis |
1935 – 1941 |
OLIVIER Emile ** |
1941 – 1944 |
CAMBOULIVE Louis *** |
1944 – 1945 |
BÉNAZET Etienne |
1945 – 1971 |
MIR Antoine |
1971 – 1977 |
BÉNAZET Jean |
1977 – 2008 |
ARIBAUD Robert |
2008 – 2012 |
PENNAVAYRE Claude * |
2012 – 2012 |
SERRANO Serge |
2012 |
* Adjoint remplace le maire décédé
** Président de la Délégation Spéciale
*** Président du Comité de Libération